LES AIRES PROTEGEES PAR
L’INSTITUT CONGOLAIS POUR LA CONSERVATION DE LA NATURE (ICCN)
La puissance du Grand Fleuve Congo |
En dehors des huit parcs nationaux que compte le pays,
l’ICCN administre une soixantaine de réserves et domaines dits de chasse qui
jouent un rôle tout aussi primordial dans la conservation de l’incroyable
patrimoine naturel de la RDC. L’appellation de “parc” étant en effet réservée à
des sites répondant à certains critères précis, notamment l’absence de
population autochtone, d’où le statut de “réserve”. Quant aux domaines de
chasse, la pratique cynégétique encadrée y est parfois autorisée par l’ICCN
afin de réguler les populations d’espèces animales non protégées et non menacées
d’extinction, telles que l’antilope sable ou noire, le grand kudu, l’éland de
derby et du cap, le bongo, le situtunga, le buffle, l’hippopotame, différentes
sortes d’antilopes de forêts, etc. Parmi ces nombreux domaines et réserves
gérés par l’ICCN, on peut épingler les sites qui suivent.
Domaine de chasse de Bili-Uere
(Province Orientale)
Créé en 1974 sur une superficie de 6 millions d’hectares
couverte de forêts secondaires et galeries forestières, ce domaine de chasse a
pour but de préserver les derniers spécimens d’élands de derby. Il propose des
safaris photos et des parties de chasse encadrées afin de contrôler l’action du
braconnage dans cette zone frontalière entre la République Démocratique du Congo,
le Soudan et la République Centrafricaine. On y trouve aussi le chimpanzé à
face claire et l’éléphant de forêt.
Domaine de chasse de Bombo Lumene
(Kinshasa)
S’étendant sur une superficie de 350 000 hectares, le
site de Bombo Lumene est un ancien domaine de chasse situé à 130 kilomètres du centre
de Kinshasa. Délimité par les rivières Lufimi et Muti Mutiene à l’est et à
l’ouest, le domaine partage sa frontière sud avec Kasangulu (Province du
Bas-Congo) tandis que la route du Bandundu lui sert de limite nord. La
végétation y est dominée par une savane arbustive entrecoupée de galeries
forestières assez étroites. La présence d’animaux dans ce domaine est devenue
presque anecdotique mais le site est superbe et se prête parfaitement aux
balades et baignades. Les rivières Bombo et Lumene, dont la jonction forme la
rivière Maï Ndombe, constituent non seulement des ressources en eau mais
rendent le site encore plus attractif. Un pont en lianes enjambe la rivière
Bombo et sa traversée style « Indiana Jones » au-dessus des rapides est sympa…
On arrive à Bombo Lumene en empruntant la route du Bandundu. Le site est situé
sur le plateau des Batéké, presque en face du Village Ibi et à dix kilomètres
de la Cité de Mbankana.
Domaine de chasse de Swa-Kibula
Situé dans le territoire de Kasongo-Lunda dans la province
du Bandundu à la frontière entre la RDC et l’Angola, ce domaine a été créé en
1952 pour protéger les hippotragues noirs, les guépards, les éléphants et
l’éland du Cap aujourd’hui disparus. La région est constituée de savanes
herbeuses et boisées, et de forêts denses au nord du domaine. Il existe aussi
des galeries forestières le long des cours d’eau qui traversent le domaine.
Celui-ci couvre une surface de 140 000 hectares. Des attraits touristiques
aussi riches que diversifiés tels que les chutes Tembo (ex Guillaume), les
chutes François-Xavier sur la rivière Kwango sont visibles et rendent le
paysage agréable.
Parc marin des Mangroves
(Bas-Congo)
Situé à l’embouchure du fleuve Congo, sur le territoire
de Moanda, dans la province du Bas-Congo, cette réserve (bien qu’elle porte le
nom de parc) a été créée en mai 1992 dans le but de protéger l’environnement de
la côte de l’océan Atlantique et les différentes ressources biologiques qui
caractérisent ces zones humides, tout en contribuant à la promotion du tourisme
dans la région. Avec une superficie de 76 000 hectares dont 20 % situés dans
l’océan, le Parc marin des mangroves fait partie des derniers sites en date à
ce jour à avoir été classés comme aire protégée par l’ICCN, avec la Réserve de
Faune à Okapi d’Epulu et plus récemment le Parc National de la Lomami. Le parc
marin abrite une grande forêt d’arbres adaptés à ces mélanges d’eau douce et
d’eau salée : les mangroves à palétuviers. On y trouve, d’une part, les espèces
aquatiques comme le lamantin d’Afrique, la tortue marine, l’hippopotame, les
oiseaux d’eau (le héron, la cigogne, le canard siffleur…) et, d’autre part, des
mammifères observables en terre ferme tels le buffle, le singe, le potamochère…
Possibilité de randonnées fluviales et océaniques, de pêche sportive, de
visites des plages de Tonde et de Kumbi, de la pointe de Banana à l’embouchure
du fleuve Congo. Un site unique.
Réserve de Faune à Okapi
(Province Orientale)
Créée en 1992 et inscrite sur la liste des sites du
Patrimoine Mondial depuis 1996, la Réserve de Faune à Okapi (RFO) occupe un
cinquième de la forêt de l’Ituri au nord-est du pays (1 370 000 hectares). La
réserve de faune abrite des espèces menacées de primates et d’oiseaux et
environ 5 000 okapis sur les 10 à 20 000 individus estimés vivant à l’état
sauvage dans ce biotope spécifique. Une dizaine d’okapis en captivité sont
visibles et étudiés dans la station de capture présente à l’entrée du site.
C’est l’unique endroit où il est possible d’observer ces mammifères très rares
et d’une discrétion légendaire, impossibles à apercevoir en milieu naturel. La
réserve possède également des sites naturels remarquables dont les Monts Mbia
et Sidha, le site Edo Mewha, les chutes Ngoy et Arabia… Elle est habitée par
des populations nomades traditionnelles de Pygmées Mbuti et de chasseurs Efe. A
cause des troubles qui sévissent dans la région de l’Ituri, la réserve est
inscrite sur la liste du Patrimoine Mondial en péril depuis 1997.
Réserve des Gorilles de Tayna
(Nord-Kivu)
Situé à proximité des villes de Butembo et de Goma, la
Réserve des Gorilles de Tayna est un autre projet au Kivu visant notamment la
protection des gorilles de plaine présents dans la région. En plus de mettre
sur pied un ambitieux programme communautaire auprès de la population locale.
La Réserve de Tayna couvre un peu plus de 90 000 hectares. Elle est
stratégiquement située entre le Parc National de la Maiko, le Parc National des
Virunga et le Parc National de Kahuzi-Biega et fait partie avec huit autres
réserves dans la même zone (dont la Réserve de Kisimba-Ikobo) d’un projet
visant à créer un terme un vaste corridor de biodiversité reliant ces
différents espaces protégés. Le site comprend le Tayna Center for Conservation
Biology, un centre d’études, ainsi que le sanctuaire GRACE (Gorilla
Rehabilitation and Conservation Education Center) à l’initiative notamment du
Dian Fossey Gorilla Fund, qui recueille et soigne les gorilles orphelins
victimes du traffic illégal en vue de leur réinsertion probable dans la réserve
de Tayna.
Parcs nationaux
Sur les huit parcs nationaux de la RDC à ce jour, seul le
Parc de la Salonga est situé à l’ouest. C’est ainsi que les conflits récurrents
de ces quinze dernières années principalement dans les régions de l’Est ont
lourdement porté atteinte aux efforts réalisés pour conserver la riche
diversité biologique de la grande majorité des parcs congolais. Les
affrontements avec le Rwanda notamment ont provoqué le déplacement de près de
deux millions de réfugiés qui ont envahi les parcs nationaux des Virunga et de
Kahuzi-Biega, et les incursions de guerriers Maï-Maï ont quant à eux
déstabilisé l’Upemba. Mais le Parc de Garamba et de la Maiko n’ont pas non plus
été épargnés, loin s’en faut. Les conséquences directes de ces troubles furent
le braconnage d’une part, et une sévère déforestation de l’ensemble de ces
espaces d’autre part. Les récentes guerres et rébellions n’ayant fait en effet
qu’aggraver et généraliser la destruction de ces écosystèmes avec l’exploitation
illégale et le pillage des ressources naturelles du sol et du sous-sol. Ce qui
explique en partie que quatre de ces parcs naturels aient été classés parmi les
sites en péril du Patrimoine Mondial par l’UNESCO. Il s’agit du Parc des
Virunga, de Kahuzi-Biega, de la Salonga et de Garamba (ainsi que la Réserve de
Faune à Okapi). L’ICCN milite par ailleurs pour que le Parc de la Maiko,
sévèrement touché également et qui est l’un des rares à être encore
inaccessible aujourd’hui, rejoigne la liste des sites en danger afin qu’il
bénéficie de moyens accrus pour garantir sa protection et accélérer le départ
des groupes armés Maï-Maï et Simba et la reprise sous contrôle totale du parc
par l’ICCN. Pour toutes ces raisons, reconnaissons qu’actuellement il est
difficile de recenser précisément le nombre d’individus et les espèces
d’animaux objectivement visibles dans ces parcs. Cependant, de réelles avancées
sont observées et d’importants efforts sont entrepris pour que cesse
l’instabilité à l’œuvre au sein de ces sites protégés et pour que soit préservé
ce qui peut encore l’être, tout en permettant à nouveau l’accès au public.
C’est ainsi que le Parc des Virunga et le Parc de Kahuzi-Biega notamment, après
des années de marasme, retrouvent peu à peu une stabilité propice au retour des
touristes pour l’observation notamment des gorilles. Il semblerait que ce soit
aussi le cas de Garamba, qui s’en sort peu à peu et dispose encore de nombreux
atouts et espèces animales de savane (éléphants, girafes, buffles…). Idem pour
les deux parcs katangais des Kundelungu et de l’Upemba qui sont à nouveau
accessibles au public, en toute sécurité. Par ailleurs, la politique actuelle
de l’ICCN est telle qu’outre le renforcement de la sécurité et de la
conservation des sites existants menacés, elle prévoie l’ouverture de nouvelles
aires protégées dans le pays dans les années à venir. C’est d’ailleurs le cas
avec le dernier né : le Parc National de la Lomami dont la création a été
officialisée début 2012.
Parc
National de Garamba (Province Orientale)
Créé en 1938, ce parc d’environ 500 000 hectares (1 250
000 si on compte les réserves et domaines adjacents) est situé dans le district
du Haut-Uélé dans la Province orientale, près de la frontière nord-est de la
RDC avec le Sud-Soudan. C’est l’un des plus anciens parcs nationaux congolais
et africains avec les Virunga. Sa création est intimement liée à la première
expérience de domestication des éléphants d’Afrique à des fins de labour et
transport, projet cher aux Belges et à Léopold II, qui a commencé en 1923 à la
station de Gangala na Bodio. Site extraordinaire constitué de savanes, de
forêts-galeries et de zones boisées, le Parc National de Garamba est le dernier
sanctuaire du rhinocéros blanc du Nord, malheureusement amené à disparaître prochainement
vu le nombre insuffisant d’individus restant (moins d’une dizaine selon les
estimations). Avant la guerre, le parc hébergeait une variété extraordinaire de
grands mammifères, dont la population d’éléphants de savane la plus importante
au Congo et la seule population de rhinocéros blancs du Nord au monde. La
girafe qui n’existe dans aucun autre parc congolais n’était visible qu’ici. Les
troubles civils qui se sont déclenchés dans la région ont aggravé la situation
de braconnage avec l’intrusion des rebelles soudanais à partir de 2004. Inscrit
au Patrimoine Mondial en 1980, le parc a été repris sur la liste du patrimoine
en danger en 1996. Cependant, Garamba se relève peu à peu et de grands efforts
sont entrepris pour la protection et mise en valeur de ses nombreuses richesses
dont sa grande diversité en faune toujours présente (éléphants, girafes,
buffles, hippotragus, phacochères, lion, léopards, serval, hyène, hippopotames,
chimpanzés, babouins…). L’offre touristique s’y redéveloppe donc avec l’organisation
de safaris, survols en avion parmi diverses activités, et la présence d’un
lodge tout confort prêt à accueillir les visiteurs.
Parc
National de Kahuzi-Biega (Sud-Kivu)
Créé en 1970 sur une surface de 600 000 hectares et situé
à 30 kilomètres au nord de Bukavu (province du Sud-Kivu), le nom du parc fait
référence aux deux volcans éteints situés dans ses limites : le Mont Kahuzi (3
308 m) et le Mont Biega (2 790 m), tous deux couverts de végétation alpine si
caractéristique de ce climat équatorial d’altitude, et qu’il est possible
d’escalader. Mais le PNKB est surtout l’un des seuls refuges, et le principal
en RDC, des gorilles de plaine (Gorilla beringeii graueri). Seules quelques
familles de gorilles sont habituées à la présence humaine et aux visites, et
figurent parmi les trésors les plus vulnérables du parc pour cette raison
notamment. Avec le Parc des Virunga, Kahuzi-Biega a payé un lourd tribut à la
guerre suite à l’envahissement de miliciens armés et autres rebelles qui se
sont livrés au braconnage, à l’exploitation minière incontrôlée, à l’abattage
d’arbres et à la production de charbon de bois. C’est ainsi que depuis 1997, le
parc est inscrit sur la liste du Patrimoine Mondial en péril. La coopération
technique allemande (GTZ) et d’autres ONG de conservation de la nature
collaborent aux efforts déployés par l’ICCN pour tenter de préserver cette
faune et flore exceptionnelles. La situation sécuritaire et l’offre d’accueil
sont telles aujourd’hui qu’il est très facile de rejoindre le parc depuis
Bukavu et d’organiser une visite aux gorilles, et/ou de se balader dans ce
superbe site naturel qui dispose par ailleurs de nombreux autres atouts
(sources d’eau thermales, visites de chutes, découverte de villages et de la
culture pygmées, centre de réhabilitation de chimpanzés…).
Parc
National des Kundelungu (Katanga)
Créé en 1970 sur une superficie d’environ 800 000
hectares dont 250 000 hectares de réserve naturelle intégrale (située
entièrement sur le plateau de Kundelungu) et 550 000 hectares de zone annexe,
le Parc National des Kundelungu est situé à 180 kilomètres de Lubumbashi dans
la province du Katanga. Il est destiné à mettre à l’abri les rares populations
de guépards, léopards et de zèbres d’Afrique centrale, et abrite les chutes les
plus hautes d’Afrique : celles de la Lofoï (384 mètres en un seul jet). A part
la zone annexe, le Parc des Kundelungu intrègre aussi la réserve partielle de
Tshangalele (créée en 1955), située à 100 kilomètres au sud-ouest de la station
de Katwe, et qui œuvre à la protection des oiseaux, en particulier du canard à
queue dressée. Le guépard y trouve son tout dernier refuge sur le territoire
congolais. D’autres spécimens caractéristiques de la faune de la savane
africaine s’y retrouvent, comme le zèbre, l’antilope rouanne, l’éland du Cap et
le grand koudou. Le Parc National des Kundelungu et le Parc National de
l’Upemba tout proche forment un complexe d’écosystèmes similaires mis en
conservation. Les deux sont séparés par un couloir écologique qui forme le
domaine de chasse de Lubudi-Sampwe par où les animaux migrent entre les deux
aires protégées.
Parc
National de la Lomami (Maniema)
Il s’agit d’une nouvelle aire protégée dont la création a
été officialisée par l’ICCN en février 2012. Le Parc National de la Lomami
couvre une superficie de 255 800 hectares à cheval sur la province du Maniema,
la Province Orientale et le Kasaï Oriental. Il comprend en son sein la Réserve
de faune de Lomami-Lualaba. Le projet à l’origine de la création du parc et qui
est toujours en cours aujourd’hui se nomme TL2, du nom des trois rivières qui
forment les frontières du parc : Tshuapa, Lomami et Lualaba. L’objectif de TL2
est au départ de déterminer combien de bonobos vivent toujours dans les forêts
vierges au cœur du Congo délimitées par ces trois rivières, ainsi que de
répertorier les autres grands animaux, et d’identifier les menaces qui pèsent
sur ces espèces afin de les protéger. Il est apparu qu’outre les bonobos, des
okapis, paons congolais, hippopotames, et éléphants de forêt y ont aussi trouvé
refuge, et il serait même question d’une nouvelle espèce de singes appelée
Lesula… Sans parler de la variété de végétation forestière également à l’étude.
Le comité de pilotage de la création du parc est constitué notamment de l’ICCN et
de la coopération allemande (GTZ). Sa gestion devrait impliquer les communautés
riveraines, l’Etat congolais et l’ICCN afin d’œuvrer à la protection durable et
à l’inventaire des espèces animales et végétales de ce nouveau trésor
congolais.
Parc
National de la Maiko (Province Orientale)
Créé en 1970, le Parc de la Maiko s’étend sur près de 1
000 000 hectares. Il est situé dans la forêt de l’Ituri entre les provinces
Orientale, du Nord-Kivu et du Maniema. Il abrite en théorie trois des plus
spectaculaires espèces animales endémiques du pays : le rarissime okapi, des
gorilles de plaine et le fameux paon congolais que l’on ne trouve qu’à cet
endroit dans le pays. En plus d’une population d’éléphants de forêt, de
chimpanzés à face claire et de buffles, parmi de nombreuses autres espèces. Et
dont la survie à l’intérieur du parc serait quelque peu menacée par la présence
de groupements armés qui occupent toujours le parc en partie aujourd’hui et
exercent de nombreuses pressions sur sa faune et flore, le rendant
majoritairement inaccessible. Le Parc de la Maiko est constitué d’un bloc de
forêt ombrophile tout à fait différente de celle de la Salonga. Il s’agit d’une
forêt semi montagneuse dont l’altitude moyenne est de 1 200 mètres. Le parc de
la Maiko est d’une topographie vallonnée et d’accès malaisé. La pluviométrie y
est la plus élevée de la RDC. La forêt y est (était ?) très belle, et d’une
productivité naturelle remarquable. Il s’agit de l’un des seuls sites dont
l’ICCN n’a à l’heure actuelle (2012) pas encore pu reprendre le contrôle total
et dont elle ne garantit pas encore la stabilité ni la sécurité.
Parc
National de la Salonga (Equateur)
Créé en 1970, il est situé dans la cuvette centrale sur
une zone localisée entre le sud de la Province de l’Equateur et le nord de
celles du Bandundu et des deux Kasaï. Le Parc de la Salonga couvre une
superficie de 3,6 millions d’hectares, couverts essentiellement de forêts
primaires de basse altitude (soit plus ou moins 2,7 % de l’ensemble des forêts
tropicales de la République Démocratique du Congo). Il est classé comme site du
Patrimoine Mondial depuis 1980. C’est aussi la plus grande réserve naturelle de
forêt tropicale de la planète. Plusieurs rivières le parcourent, dont la
Salonga qui lui donne son nom. L’animal le plus exceptionnel qu’il renferme est
le mythique bonono (Pan paniscus) qui ne vit que dans ce biotope spécifique
présent au nord et centre du pays. La biodiversité de ce parc, non encore
totalement inventoriée à ce jour, est des plus remarquables qui puissent se
retrouver sous les tropiques. L’Union européenne y réalise un grand projet de
conservation des écosystèmes forestiers d’Afrique centrale, en collaboration
avec l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN). Par contre,
la taille du parc et son isolement (accessibilité aléatoire et difficile) ne
facilitent pas la protection des espèces naturelles qui y habitent. La présence
de campements de braconniers professionnels a été rapportée, même dans les
parties les plus reculées du parc. Toutefois, le parc compte encore une
population importante de bonobos et le groupement d’éléphants qui a survécu au
braconnage pourrait notamment se régénérer plus ou moins rapidement en cas de
protection optimale.
Parc
National de l’Upemba (Katanga)
Créé en 1939 en plein cœur de la province minière du
Katanga sur une superficie d’environ 1 173 000 hectares, le Parc National de
l’Upemba comprend des vallées de savane arbustive de contrefort, un plateau de
savane herbeuse, des hauts plateaux parsemés de galeries forestières ainsi que
la grande vallée marécageuse de la dépression de Kamalondo, où coule la rivière
Lualaba, source du fleuve Congo. C’est dans cette dépression de Kamalondo que
se trouvent les lacs Upemba, Mulenda, Kabwe et Kayumba. Le parc offre une
grande diversité de milieux biogéographiques et renferme une faune typique et
variée. Le zèbre, l’antilope rouanne, l’éland du Cap, le bubale, le grand
koudou notamment se retrouvent dans le secteur des hauts plateaux, tandis que
les savanes abritent, elles, de nombreux troupeaux d’éléphants, de buffles et
d’antilopes. Quant aux marécages, ils accueillent de multiples oiseaux
aquatiques, parmi lesquels de nombreux migrateurs paléarctiques. Le parc n’a
pas échappé aux conséquences des troubles que le pays a connus. En mai 2004,
des groupes armés se réclamant des Maï-Maï ont pillé et saccagé le quartier
général du parc à Lusinga. Depuis lors, le parc était devenu la cible
privilégiée de ces bandes armées mettant ainsi en péril les différentes espèces
d’animaux qui faisaient la fierté de cette aire protégée. Mais le tourisme
reprend depuis quelque temps grâce à la stabilité qui est peu à peu revenue
dans cette aire. Même si, comme dans d’autres parcs du pays, il est illusoire
d’affirmer pouvoir observer les quelques spécimens de faune rescapés,
vraisemblablement tapis dans des zones peu accessibles du parc à l’abri des
regards et des braconniers en tous genres.
Parc
National des Virunga (Nord-Kivu)
Premier parc naturel d’Afrique, créé en 1925 par décret
du Roi Albert 1er de Belgique, le Parc National des Virunga est
indiscutablement l’un des plus spectaculaires du continent africain. Bordé au
nord par le lac Edouard, au sud par le lac Kivu, à l’est par les rivières
Rwindi et Rutshuru et à l’ouest par la chaîne des Monts Mitumba, il abrite la
plus extraordinaire variété d’habitats naturels (biotopes) que l’on puisse
trouver sur terre. C’est un véritable microcosme du continent africain :
passant des forêts tropicales aux savanes, par les pics enneigés du Ruwenzori
et les volcans en activité de la chaîne des Virunga, ce parc abrite la plus
importante biodiversité en faune et flore d’Afrique dont les célèbres gorilles
de montagne qu’il est possible d’observer en milieu naturel. Par contre, de par
sa proximité avec les zones frontalières du Rwanda et de l’Ouganda, ce parc est
celui qui a sans doute le plus souffert des guerres et du braconnage, ayant
même servi de refuge aux bandes armées. Avec pour conséquence que la faune y a
été décimée dans des proportions inquiétantes. Par exemple, le nombre
d’hippopotames est passé de 30 000 individus à 250, et celui des éléphants de
15 000 à 300. Encore que ce ne soient là que des estimations. La forte
insécurité encore de mise dans cette région pousse à beaucoup plus de retenue
pour des visites de découverte dans certaines zones du parc encore à éviter.
Mais ce qui n’empêche pas le déroulement de certains circuits, parmi les plus
populaires (ascension du Nyiragongo, observation des gorilles, trekking sur le
Ruwenzori…), grâce à l’encadrement de l’ICCN et à la sécurité assurée par les
valeureux rangers du parc, dont de nombreux sont déjà tombés en tentant de le
protéger. Inscrit en 1979 sur la liste du Patrimoine Mondial de l’humanité
établie par l’UNESCO, le Parc National des Virunga est repris depuis 1994 sur
la liste des sites en danger.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire